Succession : 4 questions souvent posées aux notaires
Cet article a été rédigé le 08/12/2021 en fonction de la réglementation en vigueur à cette date. Besoin d'informations spécifiques ou de conseils adaptés à votre situation ? Consultez une étude notariale.
De nombreuses questions peuvent surgir lorsque vient le moment de planifier sa
succession
Transmission du patrimoine d'une personne défunte ou masse du patrimoine ainsi transmis.
. Notaire.be en a sélectionné 4 pour vous.
- Je considère le fils de mon partenaire comme mon enfant. Peut-il hériter d’une partie de mon
patrimoine
Le patrimoine est l’ensemble des biens qui appartiennent à une personne physique ou morale.
?
En théorie, les enfants n'héritent jamais automatiquement s’il n’existe aucun lien de parenté. Il existe, cependant, des outils pour remédier à cette situation : vous pouvez, par exemple, rédiger un
testament
Un testament est un écrit qui reprend les dernières volontés d’une personne. Le testateur (=l’auteur du testament) y précise comment et à qui ses biens reviendront après son décès. Il y a trois formes de testaments : olographe, authentique et international. Chaque forme de testament présente des avantages et des inconvénients.
ou réaliser une
donation
Une donation est un contrat par lequel le donateur (celui qui donne) transmet un bien au donataire (celui qui reçoit), dans un but désintéressé.
en faveur de l’enfant de votre partenaire.
Vous avez vous aussi des enfants ? N’oubliez pas de tenir compte aussi de leur part réservée par la loi. En effet, les enfants sont considérés comme des héritiers réservataires : ils bénéficient ensemble d’une
réserve
Part du patrimoine dont on ne peut disposer librement par donation ou testament et revenant aux héritiers légaux (conjoint survivant et descendants par exemple).
représentant la moitié de votre patrimoine (à partager selon le nombre d’enfants). Cela signifie que vous êtes libre de décider de ce qu’il adviendra de l’autre moitié de votre patrimoine.
- Un de mes enfants est en situation de handicap. Que puis-je prévoir pour m’assurer qu’il ne manquera de rien après mon décès ?
Il existe différentes possibilités pour organiser les
droits de succession
Sommes perçues par le Trésor à l'occasion d'un décès et calculés sur l'actif net du défunt, lequel s'obtient comme suit : actif brut moins le passif.
• Actif brut : ensemble des valeurs (titres, espèces, obligations,
immeubles, …).
• Passif : ensemble des dettes (emprunts hypothécaires et
personnels, loyers impayés, frais d'enterrement,
etc.).
d’un enfant en situation de handicap. Un exemple est le « legs de residuo », aussi appelé « donation résiduelle ». Il s’agit d’une disposition de testament par laquelle les mêmes biens sont donnés à différentes personnes successivement. Le premier bénéficiaire, dans ce cas-ci l’enfant en situation de handicap, reçoit les biens en premier. Après son décès, les biens reviennent à un second bénéficiaire que vous aurez désigné. Celui-ci ne reçoit que ce qu’il reste du premier
légataire
Par testament on peut instituer quelqu'un légataire universel (tout lui revient), à titre universel (une quote-part lui revient) ou particulier (un ou plusieurs biens déterminés lui reviennent.
, généralement à titre de
rétribution
La rétribution est la somme forfaitaire attribuée à l’Etat pour l’exécution des formalités hypothécaires et pour la délivrance des copies et des certificats.
pour les soins prodigués.
Une autre possibilité est d’opter pour un legs ou une donation avec charge. Vous pouvez ainsi léguer une somme d’argent à une personne ou à une fondation à la condition qu’elle prenne soin de votre enfant.
- Mon fils ne me parle plus depuis 20 ans, puis-je léguer tous mes biens à mon conjoint ?
Comme indiqué plus haut, notre droit successoral accorde une protection particulière aux enfants en leur réservant une part d’héritage. Est-ce que cela signifie qu’un enfant ne peut pas être déshérité complètement ?
Vous pouvez toujours déshériter formellement votre enfant en rédigeant un testament ou en accordant une donation à une autre personne. Si votre fils ne se plaint pas lors du règlement de la succession, il sera purement et simplement déshérité. Dans le cas contraire, il pourra faire valoir ses droits en introduisant une « demande en réduction » devant le tribunal. Le montant que vous avez légué par testament ou celui de la donation sera alors réduit afin que votre fils puisse obtenir la part minimale à laquelle il a droit. En d'autres termes, vous ne pouvez pas déshériter complètement un enfant à moins que ce dernier n'y voit aucun inconvénient.
Si vous êtes mariés ou que vous souhaitez le devenir, vous pouvez intégrer certaines clauses dans votre contrat de mariage vous permettant de bénéficier plus qu’un simple droit d’
usufruit
L'usufruit est un droit, démembré du droit de propriété, d'utiliser et de percevoir les fruits du bien sur lequel il repose. En d'autres termes, l'usufruitier a un droit sur le produit de quelque chose dont quelqu'un d'autre est propriétaire (ce dernier est appelé le "nu-propriétaire").
On peut comparer l'usufruit à un pommier : l'arbre lui-même appartient au nu-propriétaire, mais l'usufruitier peut cueillir les pommes sur l'arbre sa vie durant.
L'usufruitier ne peut pas jamais aliéner le bien (le vendre ou le donner).
Si l'usufruit porte sur un immeuble, l'usufruitier peut continuer à occuper le bien. Il peut aussi le louer et en percevoir les loyers,
Si l'usufruit porte sur un meuble (une voiture par exemple), il peut continuer à l'utiliser sa vie durant.
Si l'usufruit porte sur de l'argent ou des comptes, il peut en percevoir les intérêts (le capital, quant à lui, reste la propriété du nu-propriétaire).
L'usufruitier a par ailleurs des devoirs : il doit maintenir la propriété en état (les frais d'entretien sont à sa charge, le nu-propriétaire, quant à lui, doit seulement se charger des grosses réparations).
au décès de votre partenaire. C’est ce qu’on appelle les « avantages matrimoniaux ». Sous certaines conditions, ces avantages matrimoniaux peuvent avoir pour conséquence d’exclure certains biens de l’héritage transmis aux enfants. C’est par exemple le cas du revenu épargné pendant le mariage.
- Je veux faire une donation à ma fille mariée. Est-ce que cette donation lui reviendra à elle seule (ou également à son conjoint) ?
Que votre fille soit mariée sous le régime de la séparation de biens Régime matrimonial établi par contrat de mariage, portant sur une triple séparation : séparation des biens, séparation des dettes et séparation de gestion. ou sous le régime légal de la communauté, ce bien lui reviendra par défaut, et non pas à sa belle-famille. En effet, les biens donnés ou hérités sont des exceptions au patrimoine commun : ces biens resteront propres à chacun, ils ne tomberont pas dans la communauté. Vous pouvez donc être rassuré.
Vous pouvez néanmoins être prudent et assortir la donation de certaines clauses. Vous pouvez ainsi indiquer que le bien doit rester propre à votre enfant ou qu’il ne pourra pas être apporté à la communauté. Cela évitera que votre fille décide avec son conjoint d’en faire un bien commun (ce qui est toujours possible, via l’insertion d’une clause dans leur contrat de mariage). Grâce à l’ajout de ces clauses dans votre donation, vous avez la garantie Une garantie est un engagement qui assure l’exécution d’un contrat, d’une obligation. En l’occurrence, la garantie est la somme versée par l’acquéreur à la signature du compromis. Cette somme reste sa propriété jusqu’au jour de la signature de l’acte où elle devient un acompte à valoir sur le prix de vente. que le bien que vous donnez à votre enfant restera dans son patrimoine et non pas celui de son conjoint (et de sa belle-famille). Cliquez ici pour en savoir plus sur ce type de donation.
Vous avez des questions ou vous souhaitez être conseillé au sujet d’un cas particulier ? N’hésitez pas à prendre contact avec une étude notariale. Si vous n’en connaissez pas, vous pouvez trouver un notaire près de chez vous grâce à notre annuaire.