Je me (re)marie : quels impacts sur l’héritage de mes enfants nés d’une précédente union ? Quelques changements à partir du 1er septembre 2018

Cet article a été rédigé le 22/08/2018 en fonction de la réglementation en vigueur à cette date. Besoin d'informations spécifiques ou de conseils adaptés à votre situation ? Consultez une étude notariale.
Les familles recomposées sont désormais très courantes. Il arrive aussi souvent qu’un homme ou une femme souhaite franchir le cap du mariage avec son/sa nouvel(le) partenaire, tandis qu’il/elle a déjà un ou plusieurs enfant(s) né(s) d’une précédente relation. Ces (re)mariages peuvent parfois engendrer certaines difficultés au niveau successoral, qui peuvent mener à des conflits.
Il est important de savoir que le nouveau conjoint acquiert, dans tous les cas, via le mariage, un droit successoral (droit d’héritage) à l’égard de l’autre conjoint.
Dans ce type de mariage, les conjoints sont souvent à la recherche d’un équilibre entre la protection de leur nouveau partenaire et la protection de leurs enfants issus d’une précédente relation ou d’un précédent mariage.
Afin de garantir cet équilibre, il existe la clause Une clause est une phrase ou un ensemble de phrases contenues dans le texte d'un acte juridique où sont définis les droits et les obligations des personnes concernées par cet acte. « Valkeniers Clause insérée dans un contrat de mariage permettant, en cas d’enfants issus d’une précédente union, de priver le conjoint survivant de ses droits successoraux (en ce compris sa ) à l’exclusion du droit d’habitation sur l’habitation familiale et sur les meubles meublants durant une période de 6 mois à dater du décès. La clause Valkeniers (également appelée « pacte Valkeniers ») doit être prévue au moins 1 mois et demi avant le mariage. Contactez votre notaire à temps ! Plus d'infos sur le pacte Valkeniers ici. ». Cette clause s’applique sous les conditions suivantes :
- Le couple est marié ou a l’intention de se marier
- La clause est insérée dans un contrat de mariage ou un acte Document écrit qui constate une convention passée entre une ou plusieurs personnes. On distingue l'acte sous seing privé qui est établi par les cocontractants sous leur seule signature de l'acte authentique qui est dressé et reçu par une personne dotée d'une autorité publique, comme le notaire. L'acte authentique est revêtu de la force exécutoire (comme pour un jugement), ce qui signifie que les signataires peuvent donc, en principe, faire appel directement à un huissier en cas de non-respect de l'acte. modificatif (en vue de modifier un contrat de mariage existant)
- Au moins un des partenaires a déjà un ou des enfant(s) issu(s) d’une précédente relation
Cette clause permet de limiter le droit successoral légal du conjoint survivant au profit des enfants (issus d’une précédente relation) du conjoint décédé.
Deux changements importants à partir du 1er septembre 2018 concernant la clause Valkeniers :
1/ Plus de liberté pour les nouvelles familles recomposées
Jusqu’au 1er septembre 2018, ce droit successoral du nouveau conjoint pouvait être réduit à une exception près : celui-ci ne pouvait jamais être privé de l’
usufruit
L'usufruit est un droit, démembré du droit de propriété, d'utiliser et de percevoir les fruits du bien sur lequel il repose. En d'autres termes, l'usufruitier a un droit sur le produit de quelque chose dont quelqu'un d'autre est propriétaire (ce dernier est appelé le "nu-propriétaire").
On peut comparer l'usufruit à un pommier : l'arbre lui-même appartient au nu-propriétaire, mais l'usufruitier peut cueillir les pommes sur l'arbre sa vie durant.
L'usufruitier ne peut pas jamais aliéner le bien (le vendre ou le donner).
Si l'usufruit porte sur un immeuble, l'usufruitier peut continuer à occuper le bien. Il peut aussi le louer et en percevoir les loyers,
Si l'usufruit porte sur un meuble (une voiture par exemple), il peut continuer à l'utiliser sa vie durant.
Si l'usufruit porte sur de l'argent ou des comptes, il peut en percevoir les intérêts (le capital, quant à lui, reste la propriété du nu-propriétaire).
L'usufruitier a par ailleurs des devoirs : il doit maintenir la propriété en état (les frais d'entretien sont à sa charge, le nu-propriétaire, quant à lui, doit seulement se charger des grosses réparations).
sur le
logement familial
Le logement familial est le lieu privilégié où la famille se loge, mange, partage ses loisirs : là où elle vit et où chacun de ses membres peut s'épanouir.
Il s'agit du lieu où la famille habite réellement. Il ne s'agit pas nécessairement du domicile. Ainsi, une même personne pourrait avoir un domicile (où elle exerce par exemple son activité professionnelle) et une résidence (où elle habite avec son conjoint et ses enfants).
Le logement familial bénéficie d’une protection : lorsqu’il appartient à un seul des époux ou cohabitant légal, celui-ci ne peut vendre ou hypothéquer cet immeuble sans l’accord de son époux ou de son cohabitant légal.
et les meubles qui le garnissent (afin de lui éviter de se retrouver à la rue en cas de décès de son conjoint : il peut continuer à occuper le logement).
A partir du 1er septembre 2018, le droit successoral de ce conjoint survivant pourra être plus restreint, au profit des enfants issus d’une précédente relation : il pourra être limité à un droit d’habitation sur le logement familial et un droit d'usage sur les meubles meublants durant six mois à compter du décès. C'est le minimum dont le conjoint survivant ne peut être privé. Une durée de six mois est donc ajoutée (alors que, jusqu'au 1er septembre 2018, il n'y a pas de limite de temps) et ce n'est plus un droit d'usufruit auquel le conjoint survivant a droit, mais un droit d’habitation, qui est plus limité. Par exemple, le conjoint ne pourra pas louer le bien et en percevoir les revenus (contrairement à un usufruit). Les conjoints disposeront donc davantage de liberté pour organiser leur
succession
Transmission du patrimoine d'une personne défunte ou masse du patrimoine ainsi transmis.
comme ils l’entendent, en protégeant davantage leurs enfants issus d’une précédente relation s’ils le souhaitent.
2/ Une clause à prévoir au moins 1 mois et demi avant de vous marier
A partir du 1er septembre 2018, la clause Valkeniers sera soumise aux nouvelles formalités prévues pour les pactes successoraux (plus d’infos sur ces pactes dans notre brochure disponible ci-dessous), à savoir une procédure d’au minimum 1 mois et demi. Veillez donc à prendre rendez-vous chez un notaire au moins 1 mois et demi avant de vous marier, afin de pouvoir insérer cette clause dans votre contrat de mariage !
Renseignez-vous auprès d’une étude notariale pour plus de précisions.
- Téléchargez notre brochure sur la réforme successorale ici Téléchargez