5 actes notariés qui peuvent faire la différence
Cet article a été rédigé le 05/07/2017 en fonction de la réglementation en vigueur à cette date. Besoin d'informations spécifiques ou de conseils adaptés à votre situation ? Consultez une étude notariale.
Si vous entendez le mot « notaire », vous pensez spontanément aux successions ou à l’achat d’une maison. Cependant, un notaire peut vous aider dans bien d’autres domaines. Jeune ou âgé, célibataire ou marié, jeune entrepreneur qui démarre ou dirigeant d’entreprise expérimenté... De nombreuses personnes passent chez le notaire parce qu'à un moment spécifique de leur vie, elles ont besoin d’un accompagnement juridique et d'un document juridiquement sûr - authentique – grâce auquel elles seront efficacement protégées. Petit passage en revue de cinq actes notariés qui peuvent faire la différence dans votre vie.
1. Pour les couples : le contrat de mariage
Clairement, un « contrat de mariage », ça ne sonne pas très romantique. Et pourtant, la plupart des couples choisissent de conclure un tel accord chez le notaire. Contrairement à ce que l'on pense, ce n’est pas toujours parce qu'ils veulent garder leurs biens séparés…
Si vous ne prévoyez pas de contrat de mariage, vous tombez sous le régime légal. Ce système suppose que certains biens restent « propres » aux partenaires, mais que d'autres biens, comme les revenus des partenaires, relèvent automatiquement du
patrimoine
Le patrimoine est l’ensemble des biens qui appartiennent à une personne physique ou morale.
commun. Il arrive que les conjoints ne se retrouvent pas tout à fait dans ce régime légal. Non pas parce qu’ils ne veulent rien « partager » l’un avec l’autre, mais bien parce que le fonctionnement du régime légal, dans leur cas, pourrait entraîner des situations injustes au bout du compte. Pensez au conjoint qui veut créer une
société
Une société est constituée par un contrat dans lequel deux ou plusieurs personnes mettent quelque chose en commun, pour exercer une ou plusieurs activités déterminées et dans le but de procurer aux associés un bénéfice patrimonial direct ou indirect. Certaines sociétés ont la personnalité juridique, d’autres pas.
, tout en souhaitant que les revenus et dettes appartiennent à son propre patrimoine, ou prenez l’exemple de partenaires remariés qui préfèrent ne plus partager de communauté avec quelqu’un. A l’inverse, il existe aussi des couples (le plus souvent âgés), sans enfants, qui veulent tout léguer l’un à l’autre. Certains conjoints, quant à eux, entendent rendre commun un bien propre, comme un terrain par exemple. En effet, construire sur un terrain dont seul un des partenaires est propriétaire, comporte des risques.....
Un contrat de mariage permet – dans certaines limites – de déroger à ce qui est fixé légalement. En fonction de la situation familiale, des activités professionnelles ou des préférences personnelles, les conjoints peuvent adapter, en partie, la composition légale de leur patrimoine pendant le mariage. Cela aura des conséquences, entre autres, en cas de décès ou de divorce. Le notaire peut rédiger différentes clauses utiles dans un contrat de mariage qui offrent une protection supplémentaire aux partenaires, et dans certains cas même aux enfants.
2. Pour les familles : la donation Une donation est un contrat par lequel le donateur (celui qui donne) transmet un bien au donataire (celui qui reçoit), dans un but désintéressé.
Paradoxalement, un héritage peut parfois s’avérer coûteux et il survient souvent tard. Voilà pourquoi les donations sont intéressantes. Elles peuvent porter tant sur des biens immeubles (un terrain à bâtir ou une maison par exemple) que sur des biens meubles (des
actions
Part de la propriété d’une entreprise. L’action représente un droit sur l’actif et le bénéfice. En achetant une action, vous devenez propriétaire d’une part de la société, et récoltez une série de droits y afférents, comme le droit de vote aux assemblées générales ou le versement d’une « rémunération » annuelle sous forme de dividendes.
ou de l'argent par exemple). Une donation a pour avantage de réduire le patrimoine successoral, ce qui fait que les
droits de succession
Sommes perçues par le Trésor à l'occasion d'un décès et calculés sur l'actif net du défunt, lequel s'obtient comme suit : actif brut moins le passif.
• Actif brut : ensemble des valeurs (titres, espèces, obligations,
immeubles, …).
• Passif : ensemble des dettes (emprunts hypothécaires et
personnels, loyers impayés, frais d'enterrement,
etc.).
futurs diminuent. Les donations peuvent être assorties de certaines modalités : les parents peuvent parfaitement donner une maison à leur enfant sous
réserve
Part du patrimoine dont on ne peut disposer librement par donation ou testament et revenant aux héritiers légaux (conjoint survivant et descendants par exemple).
d’
usufruit
L'usufruit est un droit, démembré du droit de propriété, d'utiliser et de percevoir les fruits du bien sur lequel il repose. En d'autres termes, l'usufruitier a un droit sur le produit de quelque chose dont quelqu'un d'autre est propriétaire (ce dernier est appelé le "nu-propriétaire").
On peut comparer l'usufruit à un pommier : l'arbre lui-même appartient au nu-propriétaire, mais l'usufruitier peut cueillir les pommes sur l'arbre sa vie durant.
L'usufruitier ne peut pas jamais aliéner le bien (le vendre ou le donner).
Si l'usufruit porte sur un immeuble, l'usufruitier peut continuer à occuper le bien. Il peut aussi le louer et en percevoir les loyers,
Si l'usufruit porte sur un meuble (une voiture par exemple), il peut continuer à l'utiliser sa vie durant.
Si l'usufruit porte sur de l'argent ou des comptes, il peut en percevoir les intérêts (le capital, quant à lui, reste la propriété du nu-propriétaire).
L'usufruitier a par ailleurs des devoirs : il doit maintenir la propriété en état (les frais d'entretien sont à sa charge, le nu-propriétaire, quant à lui, doit seulement se charger des grosses réparations).
, les enfants deviennent alors nus-propriétaires, mais les parents peuvent continuer à habiter la maison de leur vivant. Une donation peut aussi être liée à certaines conditions (par exemple l’
obligation
Titre représentatif d’une dette de la société (leurs propriétaires sont de simples créanciers).
d'investir le
capital
Le capital est constitué des montants et des biens qui sont apportés par les actionnaires à l’occasion de la constitution de la société ou d’une augmentation de capital ultérieure. Le capital est en principe invariable, sauf en cas de modification statutaire. Lors de la constitution de la société, les statuts précisent quel sera le montant de ce capital. Ce capital sera divisé en actions, représentatives de ce capital. Une fois que le capital et le nombre d’actions à émettre en contrepartie sont déterminés, il doit correspondre à un engagement des fondateurs à apporter ce capital à la société, chacun pour la quote-part qu’ils ont déterminée à l’avance. Ils souscrivent ainsi au capital. Le capital est exigé uniquement pour la SA.
En contrepartie de leur apport en capital, les fondateurs recevront des actions de la société, représentatives de ce capital. Ce capital doit être intégralement souscrit à la constitution de la société, ce qui signifie que le montant du capital déterminé dans les statuts de la société doit correspondre à la somme des engagements des fondateurs.
donné dans un bien immeuble ou l’obligation de ne pas partager le capital offert avec le conjoint et donc de le garder dans son patrimoine propre).
En cas de donation, l’aspect fiscal est plus avantageux qu’en cas de droits de
succession
Transmission du patrimoine d'une personne défunte ou masse du patrimoine ainsi transmis.
. La donation de biens meubles est toujours soumise à un tarif de 3% ou 7%. Ces dernières années, les tarifs des donations immobilières ont fort diminué. Rien d’étonnant dès lors à ce qu’elles rencontrent de plus en plus de succès.
Attention, la décision de faire une donation doit être mûrement réfléchie. Pour bénéficier des avantages fiscaux propres à une donation, il importe de respecter des règles bien définies. Votre notaire vous fournira toute l’aide nécessaire.
3. Pour les oncles et tantes « d’Amérique » : le
legs en duo
Legs fiscalement intéressant lorsque un testateur veut, en présence d’héritiers lointains ou sans lien de parenté , désigner comme légataire une oeuvre caritative. Plus l’héritier ou le légataire est éloigné, plus les droits de succession sont élevés. Par contre, les droits de succession à supporter par les fondations et associations caritatives légataires sont
bien plus abordables.
Vous préparez votre
testament
Un testament est un écrit qui reprend les dernières volontés d’une personne. Le testateur (=l’auteur du testament) y précise comment et à qui ses biens reviendront après son décès. Il y a trois formes de testaments : olographe, authentique et international. Chaque forme de testament présente des avantages et des inconvénients.
et envisagez de désigner votre neveu favori ou un « ami » comme bénéficiaire. Soyez prudent car les droits de succession pourraient leur coûter cher.
Si vous vous retrouvez dans ce cas de figure, le legs Un legs est une gratification faite par testament, par laquelle le testateur (celui qui rédige le testament) lègue un ou plusieurs bien déterminés, voire la totalité de sa succession, à une ou plusieurs personnes qu'il désigne. Le bénéficiaire d'un legs est appelé légataire. Il existe trois formes de legs : le legs universel, le legs à titre universel et le legs particulier. en duo est une solution. Faites un saut chez votre notaire pour obtenir tous les conseils utiles ! Un legs en duo est un testament dans lequel deux bénéficiaires sont désignés. D’une part, votre neveu ou ami, et d'autre part, une bonne œuvre ou une ASBL. L’œuvre caritative ou l’ASBL s’engage à prendre à son compte tous les droits de succession. Votre neveu partage donc son héritage avec l’œuvre caritative, mais conserve un montant plus élevé en net, parce qu'il est dispensé du paiement de droits de succession. Une situation win-win pour les deux parties, qui redresse partiellement la lourde charge fiscale des successions pour la famille lointaine (ou les non-membres de la famille).
4. Pour les indépendants: la déclaration d'insaisissabilité La déclaration d’insaisissabilité est un acte notarié qui permet à l’entrepreneur indépendant de protéger son habitation familiale contre la saisie que pourraient pratiquer ses créanciers s'il ne parvenait plus à payer ses dettes professionnelles. du domicile familial
Certains indépendants choisissent de travailler sous la forme d'une entreprise individuelle et pas sous la forme d'une société. Dans ce cas, aucune différence n’est faite entre leur patrimoine privé et le patrimoine professionnel. Les créanciers professionnels possèdent donc un recours sur leur patrimoine privé, ce qui inclut le logement familial Le logement familial est le lieu privilégié où la famille se loge, mange, partage ses loisirs : là où elle vit et où chacun de ses membres peut s'épanouir. Il s'agit du lieu où la famille habite réellement. Il ne s'agit pas nécessairement du domicile. Ainsi, une même personne pourrait avoir un domicile (où elle exerce par exemple son activité professionnelle) et une résidence (où elle habite avec son conjoint et ses enfants). Le logement familial bénéficie d’une protection : lorsqu’il appartient à un seul des époux ou cohabitant légal, celui-ci ne peut vendre ou hypothéquer cet immeuble sans l’accord de son époux ou de son cohabitant légal. . Les entrepreneurs qui ont opté pour une entreprise individuelle souhaitent malgré tout préserver leur famille d’éventuelles dettes professionnelles.
Dans pareille situation, il peut être judicieux de faire établir un « acte Document écrit qui constate une convention passée entre une ou plusieurs personnes. On distingue l'acte sous seing privé qui est établi par les cocontractants sous leur seule signature de l'acte authentique qui est dressé et reçu par une personne dotée d'une autorité publique, comme le notaire. L'acte authentique est revêtu de la force exécutoire (comme pour un jugement), ce qui signifie que les signataires peuvent donc, en principe, faire appel directement à un huissier en cas de non-respect de l'acte. d’insaisissabilité du domicile familial » par un notaire. Plus largement, il est l’interlocuteur par excellence pour accompagner un indépendant lorsqu’il s’agit de protéger la famille. En tant qu’expert, il pourra juger de l’utilité d'une telle protection qui comporte toutefois un gros désavantage : une sécurité moindre pour la banque à qui l’on demande un prêt professionnel. Dans de nombreux cas, les prêteurs sont moins enclins à octroyer un prêt à un entrepreneur lorsqu’ils savent que l’habitation ne peut pas faire partie de leur gage. D’autres garanties pourront alors être examinées. Le notaire pourra conseiller l’indépendant à ce sujet.
5. Pour les plus âgés : le mandat extrajudiciaire Le mandat de protection extrajudiciaire permet aux personnes encore capables d’exprimer leur volonté de prendre des mesures qui s’appliqueront lorsqu’elles ne seront plus à même de participer à la vie en société. Grâce au mandat, vous pouvez déterminer vous-mêmes la manière dont votre patrimoine devra être géré lorsque vous ne serez plus en mesure de le faire. Dans ce mandat, vous désignez la personne de votre choix (le mandataire) qui pourra vous représenter pour les actes de gestion et d’administration de tout ou partie de vos biens, le jour où vous ne serez plus capable de le faire vous-même (en raison de votre âge ou de votre état de santé). Toute personne capable peut donc mettre en place un mandat extrajudiciaire.
Accident, démence, déséquilibre mental, maladie dégénérative… Le corps et l’esprit ne font parfois plus bon ménage chez les personnes âgées. Elles sont dès lors particulièrement vulnérables lorsqu'il s’agit de la gestion de leur patrimoine. Actuellement, la possibilité existe pour ces personnes de rédiger un « mandat C’est un contrat par lequel une personne donne le pouvoir à une autre personne de faire quelque chose à sa place, en son nom et pour son compte. On parle aussi de « procuration ». extrajudiciaire», où un mandataire (souvent un ou plusieurs membres de la famille) reçoit une procuration pour assurer certaines tâches liées au patrimoine. Un « mandat extrajudiciaire » peut être très limité, ou peut, au contraire, englober une gestion totale du patrimoine. Le mandant (la personne âgée) est tout à fait libre de choisir le degré de contrôle qu’il souhaite transmettre, aussi longtemps qu'il est capable d’exprimer valablement et librement ses volontés lorsqu'il rédige le mandat extrajudiciaire.
Le notaire enregistrera un mandat extrajudiciaire dans un registre spécial. Cet
enregistrement
Tous les actes notariés sont déposés par le notaire à l'administration de l'enregistrement dans les 15 jours de la signature. Cette administration dépend du ministère des finances: sa première fonction est donc d'ordre fiscal. En déposant l'acte, le notaire devra verser le montant des droits (taxe) dus au Trésor public. L'administration lui rendra l'acte, après y avoir apposé un cachet indiquant le lieu et la date de l'enregistrement et le montant des droits perçus.
est très important : sans lui, le mandat extrajudiciaire s’éteint lorsque la personne âgée devient incapable, ce qui n’est, en général, justement pas le but. Grâce à l’enregistrement, ce que le mandant a décidé lorsqu’il était encore capable d’exprimer valablement et librement ses volontés, continue à sortir ses effets. Ainsi, une personne plus âgée peut définir préventivement elle-même les règles qui doivent être suivies pour la gestion de son patrimoine.
Le notaire accompagne les personnes dans les étapes clés de leur vie. Tristes ou heureuses, les décisions qui doivent être prises lors de ces événements sont toujours capitales… Tant et si bien qu’un acte notarié spécifique est indispensable pour garantir la protection juridique nécessaire. Au-delà des actes, le notaire est également l’interlocuteur privilégié qui conseille les parties en première ligne et leur indique de manière impartiale les conséquences de leur choix.