Vous héritez de l'« usufruit » d'une maison ? Qui devra effectuer et payer les réparations ?
Cet article a été rédigé le 14/06/2024 en fonction de la réglementation en vigueur à cette date. Besoin d'informations spécifiques ou de conseils adaptés à votre situation ? Consultez une étude notariale.
Souvent, lors de successions, le partenaire survivant hérite de l'
usufruit
L'usufruit est un droit, démembré du droit de propriété, d'utiliser et de percevoir les fruits du bien sur lequel il repose. En d'autres termes, l'usufruitier a un droit sur le produit de quelque chose dont quelqu'un d'autre est propriétaire (ce dernier est appelé le "nu-propriétaire").
On peut comparer l'usufruit à un pommier : l'arbre lui-même appartient au nu-propriétaire, mais l'usufruitier peut cueillir les pommes sur l'arbre sa vie durant.
L'usufruitier ne peut pas jamais aliéner le bien (le vendre ou le donner).
Si l'usufruit porte sur un immeuble, l'usufruitier peut continuer à occuper le bien. Il peut aussi le louer et en percevoir les loyers,
Si l'usufruit porte sur un meuble (une voiture par exemple), il peut continuer à l'utiliser sa vie durant.
Si l'usufruit porte sur de l'argent ou des comptes, il peut en percevoir les intérêts (le capital, quant à lui, reste la propriété du nu-propriétaire).
L'usufruitier a par ailleurs des devoirs : il doit maintenir la propriété en état (les frais d'entretien sont à sa charge, le nu-propriétaire, quant à lui, doit seulement se charger des grosses réparations).
des biens de la
succession
Transmission du patrimoine d'une personne défunte ou masse du patrimoine ainsi transmis.
(y compris de la maison familiale) et les enfants héritent de la «
nue-propriété
Propriété d’un bien sur lequel une autre personne a un droit d’usufruit. Le nu-propriétaire ne peut utiliser ni jouir de ce bien. La nue-propriété est le droit donnant au nu-propriétaire la faculté de disposer d’une chose mobilière ou immobilière (il peut la vendre, la donner, la léguer) alors que l’usufruitier dispose seulement du droit d’en avoir l’usage.
». Cette répartition peut conduire parfois à des discussions autour du paiement des rénovations et réparations à effectuer dans la maison.
Usufruitier vs nu-propriétaire
Celui qui est « entièrement » propriétaire d'un logement a le droit de tout faire : il peut y vivre, décider de le vendre, le donner, le louer...
Mais il existe des situations où la propriété d'un bien est divisée. Le « nu-propriétaire » d'une maison en a la propriété mais il ne peut pas en profiter. Ce droit de profiter du bien (par exemple en l'habitant ou en le louant et en percevant les revenus locatifs) appartient à l' « usufruitier ». Une telle situation se produit souvent en cas de succession : le partenaire survivant devient alors l'usufruitier et les enfants (ou autres héritiers) deviennent les nus-propriétaires. Mais cela peut aussi se décider sur base volontaire, lors d’un achat scindé par exemple, par lequel les parents achètent l'usufruit de la maison, tandis que les enfants en achètent la nue-propriété.
Les réparations d'entretien pour l'usufruitier
L'usufruitier (en cas d'héritage : le partenaire survivant) doit effectuer toutes les réparations d'entretien. Il doit réaliser tous les travaux nécessaires pour préserver la valeur du bien. Il s'agit donc de travaux d'entretien qui, s'ils n'étaient pas effectués, entraîneraient une diminution de la valeur du bien. Il est évidemment normal que le bien s’use au fil du temps. L'usufruitier n'a donc pas à payer pour ces travaux.
Quelques exemples de travaux d'entretien qui peuvent revenir à l'usufruitier : la peinture (également des murs extérieurs), les travaux de vernissage et d'émaillage, la réparation des sols, des escaliers, du toit, le nettoyage et la réparation d'une cheminée, l’entretien et la réparation d'un ascenseur, le renouvellement de la moquette, etc.
Les grands travaux pour le nu-propriétaire
Les nus-propriétaires (dans le cas d'un héritage, les enfants par exemple), doivent effectuer les réparations importantes ou « structurelles ». Ces travaux concernent la structure du bien ou ses composantes inhérentes ou doivent « manifestement excéder les fruits », ce qui signifie que le coût doit être disproportionné par rapport Lorsqu'un héritier a reçu par donation un bien ou une somme d'argent, on la prend en compte (la rapporte) dans la masse à partager afin de rétablir l'équilibre entre les héritiers. aux revenus ou aux bénéfices de l'usufruitier. L' obligation Titre représentatif d’une dette de la société (leurs propriétaires sont de simples créanciers). s'applique déjà pendant la période d'usufruit : lorsque le conjoint survivant habite encore le bien, par exemple. Le nu-propriétaire doit à l’avance consulter l'usufruitier, qui doit toutefois tolérer ces travaux. Il ne peut pas demander de compensation pour le désagrément.
La nature La nature est le terme collectif pour toutes les végétations (comme les prairies, les bois, les landes, ...) et les petits éléments paysagers (canaux, mares, rangées d’arbres, ...) qui nous entourent. Certains éléments naturels peuvent être protégés. Il est par exemple interdit en Flandre d’élaguer ou alors il faut posséder un permis d’environnement pour les modifications de végétation. exacte de ces travaux dépend de la situation, mais il s'agit, par exemple, du renouvellement des murs communs, de la réparation des menuiseries d'un logement, de l'installation ou du renouvellement du chauffage central ou de l'électricité... Le nu-propriétaire n'est pas tenu d'effectuer certains travaux sur les bâtiments ou les installations : ceux que l'usufruitier a effectués lui-même ou les grosses réparations qui lui reviennent.
Qui paye quoi ?
Cette question peut susciter des discussions dans la pratique. C’est souvent le cas dans les familles recomposées, et d’autant plus, lorsque le beau-parent survivant est relativement jeune. Dans ce cas, les nus-propriétaires - en l'occurrence les enfants du défunt - doivent payer les coûts approximatifs du bien, alors qu'ils ne pourront pas en profiter directement pendant une longue période. En effet, ils ne pourront en profiter qu’au décès de l'usufruitier... et cela peut prendre beaucoup de temps si l'usufruitier est en bonne santé et relativement jeune.
Pour éviter des situations financières déséquilibrées, le nu-propriétaire peut donc demander à l'usufruitier de contribuer proportionnellement aux coûts des travaux structurels. La valeur de l'usufruit par rapport à la valeur de la pleine propriété détermine le montant que chacun doit payer.
Si l'usufruitier ou le nu-propriétaire ne s'acquitte pas de son obligation de réparation, l'autre partie dispose de différentes possibilités pour imposer la réparation :
- elle peut saisir la justice pour faire respecter les réparations. Le juge peut imposer une astreinte Une astreinte est un moyen de pression financier utilisé dans le cas où une partie ne respecte pas ses obligations. Elle serait alors amenée à devoir payer une somme d'argent pour la forcer à respecter ses engagements. .
- elle peut demander au juge de lui permettre d'effectuer elle-même les travaux nécessaires. Les frais encourus seront alors récupérés auprès de l'autre partie (comme décrit ci-dessus).
Vous souhaitez obtenir plus d'informations sur le droit des successions ? N'hésitez pas à consulter notre chapitre en cliquant ici. Vous avez des questions plus spécifiques ? Prenez contact avec une étude notariale. Vous pouvez trouver un notaire dans votre région via notre annuaire.